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Les anecdotes de l'Histoire
9 janvier 2006

La première cohabitation sous François Mitterrand

mittera

Depuis le début de l'année, les média préparent la célébration du dixième anniversaire de la mort de François Mitterrand. En effet, le Premier Président de la République française de gauche est décédé le 8 janvier 1996.

Hier a été l'occasion d'une multitude de manifestations notamment le siège du parti socialiste, a été pour la circonstance revêtue d'une photographie géante du président défunt.

La semaine dernière, le journal Libération a publié un sondage révélant que François Mitterrand a été consacré le meilleur président de la Vème République devant le général de Gaulle.

François Mitterrand accède au pouvoir le 10 mai 1981 après avoir remporté les élections présidentielles contre le président sortant Valéry Giscard D'Estaing. Il dissout l'Assemblée nationale élue quelques années auparavant. Le peuple français élit une majorité de gauche dans la nouvelle législature. François Mitterrand nomme Pierre Mauroy aux fonctions de Premier Ministre. C'est un grand symbole et une nette domination de la gauche, qui incarne un renouveau mais surtout une nouvelle espèrence pour une partie de la population.

Cependant, quatre ans après, le 16 mars 1986, la coalition RPR et UDF remporte les élections législatives avec 43,9% des suffrages exprimés. Le Parti socialiste, avec 31% des suffrages, limite la débâcle. Pour la premier fois depuis 1958, un Président de la République et l'Assemblée nationale ne sont pas de la même couleur politique. Comment en est-on arrivé à que pour arriver à cette dualité à la tête de l'Etat?

Le Parti socialiste était conscient des difficultés que lui posera les écheances éléctorales qui s'annonçaient. Le résultat populaire est flagrant lors des élections municipales de 1983, élections européennes en 1984 et élections cantonales en 1985. La cohabitation ou période de discordance des majorités se profile à l'horizon. Après les élections législatives de mars 1986, la droite obtient, de justesse, la majorité absolue en siège.

Une fois, la victoire acquise pour la coalition RPR-UDF, la question du premier ministre se pose. Aux termes de la constitution, seul le Président de la République nomme le Premier Ministre. Cependant, fait unique, le choix est plus délicat. Il ne doit pas déterminer le premier ministre parmi les siens, mais parmi ses adversaires politiques. Le Président Mitterrand décide d'exploiter et d'utiliser ses pouvoirs comme la Constitution lui suggère et non pas de les laisser à une autre personne. Il s'agit, ici, d'un comportement qu'il adoptera à chaque fois qu'il estime nécessaire. "Je devrai m'adresser à une personnalité de la majorité pour conduire le gouvernement. (...) Personne ne désignera le Premier ministre à ma place, croyez-moi " (TF1, 2 mars 1986). Il montre ainsi qu'il entend appliquer à la lettre le texte de 1958 et qu'il est hors de question que le Premier ministre soit désigné par les appareils partisans. Jacques Chirac est nommé Premier ministre le 20 mars 1986. Dès lors, une opposition frontale est la suite logique des évenements. Deux conceptions s'opposent entre l'Elysée et Matignon.

Tout d'abord, à l'Elysée, François Mitterrand ne veut pas démissionner. "Le Président de la République est élu par le peuple pour une durée donnée, en la circonstance, c'est sept ans, et pendant ces sept ans il doit faire son devoir" (conférence de presse, 21 novembre 1985). D'ailleurs, le texte constitutionnel n'oblige pas la démission du Président. Il entend finir son mandant et la plénitude de ses fonctions. A noter que Raymond Barre, ancien Premier ministre sous Valéry Giscard d'Estaing estime que la cohabitation est un vrai danger pour les institutions de la Vème République. Dès lors, le Président n'a qu'une seule possibilité: se démettre.

Ensuite, le premier ministre et son gouvernement qui entendent mener à bien les réformes conformément au programme électoral soumis au vote des français. " Nous avons une Constitution qui a fait ses preuves, appliquons-la purement et simplement ", TF1, 9 février 1986).

Cependant, la question la plus importante est la question de l'exercice du pouvoir. La Constitution d'octobre 1958 a mis en place un système éxécutif duale avec un Président de la République et le Premier ministre. Les fonctions de chacune des Institutions sont clairement établies. Très tôt, les divergences apparaissent. C'est le cas notamment sur les privatisations. En 1981, François Mitterrand, conformément à ses 110 propositions pour la France, nationalise certaines entreprises. En 1986, le gouvernement Chirac entend renverser ces nationalisations en les privatisant. C'est par voie d'ordonnance, que le gouvernement entend privatiser. Or, les ordonnances ont le besoin d'être signées par le Président et François Mitterrand refuse catégoriquement.

Pendant deux années, François Mitterrand et Jacques Chirac vont s'affronter jursqu'à la nouvelle élection présidentielle qui se prépare. Cette cohabitation a été caractérisée "d'hyperconflictielle" par les acteurs de l'époque. "Hyperconflictuelle" comme le fut l'élection présidentielle de 1988 à l'image du débat télévisuel du 28 avril 1988.

Mardi, nous évoquerons Philippe V le Long

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