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Les anecdotes de l'Histoire
5 janvier 2006

L'élection d'Emile Loubet à la Présidence de la République

loubet

Il y a quelques jours, le 31 décembre, était le 167ème anniversaire de la naissance du président de l'année 1900, Émile Loubet.

Il est né le 31 décembre 1838 à Marsanne dans la Drôme, dans une famille paysanne. Il étudie le droit et obtient son doctorat. Il s'inscrit au barreau de Montélimar où il gravit un à un les échelons du pouvoir et acquérir son cursus honorum. Il devient successivement maire de la ville, député, sénateur en 1885, ministre des Travaux publics et Président du Conseil en 1892. Émile Loubet est désormais un homme d'envergure national.

En 1892, il est accusé à tort de corruption dans l'affaire de Panama. Cette affaire de corruption liée au percement du canal de Panama, qui éclaboussa plusieurs hommes politiques et industriels et qui ruina des milliers de souscripteurs .

Comment Émile Loubet est arrivé à cette fonction préstigieuse?

C'est le fruit du hasard ou plutôt de la malchance qui a mené Loubet au sommet de l'Etat. En effet, le 16 février 1899, l'annonce brutale de la mort du président Félix Faure provoque un véritable séisme.

Le Président Faure était un président populaire, il avait su redonner de l'éclat à la présidence de la République qu'il occupait depuis 4 années. Il sera, d'ailleurs, surnommé le "beau Félisque" ou "le Président-soleil".

La succession est d'autant plus difficile que l'affaire Dreyfus est à son point culminant. Le capitaine Alfred Dreyfus avait été arrêté en octobre 1894 sous inculpation de haute trahison. Reconnu coupable, sur le vu d'une ressemblance d'écriture, malgré ses dénégations, d'avoir communiqué des renseignements d'ordre militaire à l'ambassade d'Allemagne. Il a été condamné par un Conseil de guerre à la détention perpétuelle et envoyé sur l'île du Diable.

Nous sommes sous la Troisième République. La loi du 25 février 1875, un des trois textes fondateurs de la troisième République, dispose en son article 7, qu'en cas de vacance "par décès ou pour toute autre cause, les deux Chambres réunies procèdent immédiatement à l'élection d'un nouveau président" à la majorité des suffrages du Sénat et de la Chambre des députés, réunis en Assemblée nationale à Versailles. Les événements s'annoncent,dès lors, à grande allure.

Dès le lendemain, le nom des candidats possibles circulent parmi lesquels celui d'Émile Loubet. D'ailleurs, dans l'Aurore du 17 février 1899, Georges Clémenceau écrivait "Je vote pour Loubet". Ce même jour, la majorité des sénateurs apportent leur à appui à une candidature de Loubet. C'est pratiquement chose faite. Le futur président se prénomme Émile Loubet. Son seul sérieux opposant est Georges Méline ,qui fut l'année passé Président du Conseil.

Les deux jours entre la mort de Faure et le jour de l'élection du nouveau président, constituèrent une campagne assez tendue. A l'exemple du 18 février 1899, le jour de l'éléction, où une certaine presse désignait Loubet comme le protecteur des "panamistes" et des "dreyfusards".

Le 18 février 1899, Émile Loubet devient le huitième président de la troisième République par 483 voix sur 812 et 279 pour Méline.

Le lendemain, les journaux indiquent tout simplement que le nouveau président " dont la vieille mère, âgée de quatre-vingt-quatre ans, habite la métairie familiale de Marsanne, dans la Drôme, a épousé Mademoiselle Picard, fille d’un commerçant de Montélimar, dont il a eu une fille et trois fils.

L'élection n'a pas été un catalyseur des colères d'une partie de la population. Après son éléction, le nouveau président, débarquant de la gare Saint-Lazarre fut accueilli par des huées et des jets de pierre. Quelques mois plus tard, au champ de courses d'Auteuil, un homme, le baron Christiano, se jeta sur lui et d'un coup de canne écrasa son haut-de-forme.

Pourtant malgré tous ces événements, l'Histoire a gardé d'Émile Loubet une image glorieuse. Il fut le premier président à quitter l'Elysée normalement. "Je ne serai ni sénateur, ni député, ni même conseiller municipal. Je ne serais rien, absolument rien!". Rien, c'est peu dire. Il restera, quand même, l'un des grands présidents de la Troisième République.

Demain, nous évoquerons Sainte Geneviève.

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